Les 15 ans de la saga mont Orford : une mobilisation citoyenne sans précédent
Il y a 15 ans, le gouvernement libéral annonçait sa volonté de doubler la superficie du parc national du Mont-Orford. Une contrepartie au fait qu’il souhaitait vendre à un promoteur privé la station de ski et le terrain de golf situé dans le périmètre du PNMO afin de construire un complexe immobilier au pied des pentes. Il a toutefois trouvé SOS Parc Orford sur son chemin... et une horde de citoyens mobilisés. La mobilisation citoyenne, devenue provinciale, a influencé l’issue du dossier, estime l’ancien coordonnateur de SOS Parc Orford Claude Dallaire. « Ça a été une des plus belles mobilisations citoyennes au Québec. »
Si on lui avait dit, à l’époque, que la saga durerait quatre ans, il ne l’aurait pas cru. Il se souvient encore très bien de l’une des premières réunions qui a rallié les citoyens, aux côtés de Gisèle Lacasse-Benoit et de Robert Benoit.
Le 12 mars 2006, SOS Parc Orford voyait le jour officiellement.
« Je me disais, dans ma tête, que c’était une affaire d’un mois, peut-être deux... On est rentré dans la salle, elle était pleine. il y avait du monde à l’extérieur. C’était la folie, on était un peu dépassé. On est arrivé avec un plan d’action sur le bout d’une napkin, image-t-il. C’est parti de rien... et ça a été quatre ans de bataille. »
Le Québec avait les yeux rivés sur le groupe, rappelle M. Dallaire. Une défaite aurait pu créer une brèche importante, notamment pour d’autres parcs nationaux reluqués par des promoteurs. « Il ne fallait pas manquer notre coup. Il y a eu des bouts où on était sûrs de perdre. Les libéraux formaient un gouvernement majoritaire (...) On s’est fait des amis, mais aussi des ennemis. Il y a des gens qui ne l’ont toujours pas digéré. »
Claude Dallaire ne peut s’empêcher de se demander, en cette période où tout le monde souhaite avoir son petit bout de nature : quel aurait été l’accès possible si des centaines de condos avaient été construits à l’intérieur du parc ?
En jetant un œil aux faits d’armes de l’organisation, résumés par l’ancien député libéral Robert Benoit, on constate que SOS Parc Orford s’est sabordée en 2010. Mais dans les faits, une base militante continue de suivre le dossier.
Un œil sur l’agrandissement
En février, La Tribune rapportait qu’une audience publique sur le projet d’agrandissement du PNMO pourrait avoir lieu en 2022, avant la concrétisation possible du projet en 2023.
Rappelons que, jusqu’ici, environ 43 km carrés de terrains ont été acquis pour l’agrandissement. Celui-ci touche des terrains des municipalités de Racine, Saint-Denis-de-Brompton, Orford et le Canton de Melbourne.
Claude Dallaire entend suivre la suite. Il raconte avoir appris dans nos pages qu’environ 13 kilomètres carrés de l’agrandissement doivent plutôt servir à la création d’une réserve de biodiversité, qui permet notamment la circulation de certains véhicules hors route (contrairement à la réglementation d’un parc national).
Les terrains, a expliqué le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFPP), étaient initialement prévus pour l’agrandissement, mais ont finalement été protégés par un autre statut afin de maintenir en place des sentiers régionaux de motoneige et de quad, minimisant ainsi les impacts sur les activités de véhicules hors route.
Même si la saga est terminée, la question de l’accessibilité à la montagne demeure un enjeu d’actualité.
Rappelons que l’été dernier, une mise en demeure a été envoyée à la Corporation Ski et Golf Mont-Orford (qui gère ces activités), en lien avec la tarification et l’accès au mont Orford, notamment en ce qui concerne les coûts de stationnement lors de certains événements comme la Flambée des couleurs.
C’est d’abord l’annonce d’une tarification pour les randonneurs qui avait mis le feu aux poudres. La Corporation avait ensuite décidé de la suspendre.
Trois citoyennes étaient à l’origine de la mise en demeure ; M. Dallaire s’est substitué à l’une d’elles, de sorte qu’il ne peut parler de la poursuite en cours. Celle-ci vise également le MFFP et la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq).