SOS PARC ORFORD

Résumé du livre Downhill Slide et opinion par Alexandre Hébert, Coalition SOS Parc Orford

jeudi 9 août 2007

Comment lire le texte qui suit

La présente est principalement rédigée afin de résumer le livre Downhill Slide de Hall Clifford. Pour ce faire les grandes idées du livre sont résumées et certaines citations clés sont insérées intégralement. De plus, l’ordre dans lequel est présenté le résumé ainsi que certaines idées qui y sont insérées (principalement dans la dernière section : La relance ... ) se veulent autant être informatives qu’éditoriales.

Le livre :

Titre : Downhill Slide Auteur : Hal Clifford Éditeur : Sierra Club Books, San Francisco Nb de pages : 282 p.

Qui est l’auteur du livre :

Hall Clifford est un amateur de ski. Il a grandi dans le nord-est des États-Unis et vit maintenant dans les Rocheuses américaines. Il a été journaliste de ski pendant plusieurs années et c’est lors de son embauche comme chroniqueur pour la célèbre revue Ski Magasine en 1996 qu’il a commencé à s’apercevoir du côté négatif que pouvait avoir “l’industrie du ski moderne” sur le sport et les villes et villages entourant les stations. C’est alors qu’il décida d’écrire Downhill Slide.

1) “The soul of skiing”

- Ce qui a attiré les gens à devenir des skieurs, en premier lieu.

Durant ses années de croissance, le ski était pour plusieurs un mode de vie. Les gens se retrouvaient sur les pentes pour l’amour du sport et de la montagne. Qui n’a pas entendu parlé de l’écriteau cliché que l’on pouvait retrouver, accroché à la porte d’une boutique les jours de poudreuse :
“Closed, Powder Day !”

Cet écriteau est un bon exemple de l’esprit qui habitait le monde des skieurs. Pour les amateurs de ski, les célèbres annonces publicitaires de la gomme Juicy Fruits rappelleront aussi de bons moments.

Les choses ont changé. La réalité actuelle de l’industrie ski, en raison de son approche très industrielle, est plutôt basée sur l’attraction du marché de masse. Par définition, cela veut dire tenter d’attirer un large volume de personnes en leur offrant un produit standard, et non le produit unique et distinct que jadis représentait chaque station alpine. Les présidents des grandes corporations de ski* se comparent au Dysney World et Mcdonalds afin de justifier une standardisation de leur produit. Leur réflexion est simple : si ces derniers connaissent le succès en standardisant, le ski devrait nécessairement suivre le pas. Pourtant cette approche n’est pas applicable au milieu du ski puisque c’est le caractère unique qui à la base, en est la force.

* Scott Oldakowski est “V-P real estate and marketing” et Skip King est porte-parole, tous deux pour le compte de American Skiing. Downhill slide, p. 60-61
Voici quelques passages du livre Downhill Slide qui sont de bons exemples de ce qu’est devenue l’industrie du ski et de ce qu’elle devrait plutôt tendre vers : “The salvation of the ski industry lies not in more Potempkin villages, dewatered rivers, shopping arcades, on -mountain stock trading, and high-volume, high-speed lifts. In this age of virtual reality, skiing’s salvation lies in affordability, authenticity, nature, and simplicity. For skiing to thrive, the industry must abandon the path being forged by the Big Three.” Downhill Slide, p.228-229

“People are looking for an opportunity to be outside, enjoy the outdoors, and enjoy doing some fun, physical recreation ... There’s a very strong component to skiing of enjoying the outdoor world that people are looking to experience. I think that’s being lost. The Big Three’s business strategies are pricing people out of skiing, Whales says, and he believes the shopping, real estate, and urban experiences that typify big resorts turn off a lot of potential skiers.” Downhill Slide, p.231.

“ The spirit of skiing has been submerged beneath all the hype and marketing, the slick advertising campaigns and the distressed pine paneling in the condominiums, the heated sidewalks in the “villages” and the traffic jams along the highways ... the on-slope video arcades and private mountain clubs, the ski valets ...” Downhill Slide, p.239.

Tous ces passages ne sont qu’un échantillonnage d’éléments qui ont contribué à l’éloignement du sport de ce qui attirait les gens en premier lieu.

2) L’industrie du ski aujourd’hui

- Dans quel état est-elle ?

Selon l’information récoltée dans le livre Downhill Slide, l’apparition de la planche à neige, sport qui a connu une croissance forte et rapide, le nombre de visites de skieurs et planchiste n’a pas changé, en toute fin pratique, entre 1979 et 1999. Toujours selon la même source, lors de la saison de 1999, les planchistes représentaient 26% des billets vendus aux États-Unis. Le nombre total de jour ski n’a pourtant pas augmenté malgré la venue en grand nombre de ces nouveaux adeptes du sport de la glisse.
Pourquoi le ski ne fait-il pas belle figure ?

Entre 1973 et 1988, le total de temps libres que disposaient les américains a chuté de 40 %. Les consommateurs des années 2000 ont de plus en plus de choix pour leurs activités mais de moins en moins de temps pour celles-ci. L’industrie du loisir est de plus en plus compétitive et ce en raison de plusieurs facteurs. Les centres de ski doivent se battre contre leurs compétiteurs, les changements climatiques et la population qui travaille de plus en plus. De plus, le ski est un sport qui demande un certain apprentissage. En effet, il faut quelques journées de ski et quelques cours avant de se débrouiller sur les pentes et c’est pourquoi plusieurs adultes préfèrent choisir un autre sport pour lequel la progression est plus rapide. La société actuelle a tendance à exiger d’arriver à ses fins, facilement et rapidement.

De plus, le marketing entourant le ski n’est pas reconnu comme étant très efficace. “... the ski industry is very low on the scale of marketing research ; of understanding customers ; and of pricing to customer’s desires” selon Ken Hulick, “An Inside/Outside View Of Marketing” Ski Area Management, July 2000, p15-16. Ainsi, le travail pour attirer de nouveaux skieurs, en terme de marketing, pourrait certainement être amélioré.

Si en plus le modèle de développement choisi s’éloigne de qui en fait la force, les statistiques de l’industrie du ski ne peuvent que refléter une tendance peu reluisante.

Le cannibalisme de l’industrie du ski

Les gros joueurs, tel Intrawest, investissent dans des équipements vedettes pour s’attirer les projecteurs. Souvent, les plus petits joueurs voudront rivaliser avec cette cadence imposée par les centres plus nantis. Ainsi, certaines stations ayant un potentiel de rentabilité avec des infrastructures proportionnelles à leur marché y vont d’investissements démesurés afin de récolter eux aussi une part du gâteau.

Comme la croissance de l’industrie du ski est stagnante, si un centre de ski gagne en popularité ce sera au détriment d’un autre. Prenons par exemple, Intrawest qui a augmenté son achalandage de 10 % entre 1992 et 1998 alors que pour la même période, l’achalandage de l’industrie dans son ensemble diminuait de 3.6%. Durant ces années, si l’industrie a connu une baisse et qu’Intrawest a connu une hausse, il suffit d’un simple calcul mathématique pour comprendre que ce gain s’est fait au détriment de d’autres centres.

En présence d’une industrie stagnante, offrir un produit identique à la compétition n’est pas gage de développement durable. Afin de construire l’avenir, il faut offrir un produit différent et novateur, un produit qui attirera de nouveaux visages.

3) L’arrivée du “Big Three" dans l’industrie

- Qui sont-ils ?

Qui sont ceux que l’auteur du livre Downhill Slide appelle le “Big Three" ? L’industrie du ski, en Amérique du Nord, est présentement dominée par 3 compagnies majeures, toutes étant cotées à la bourse. Il s’agit de :

  • Intrawest Corporation
  • American Skiing Company
  • Vail Resort Incorporated

“They are publicly trade companies that focus almost exclusively on North American ski resort development and operations. Their ability to do what they do, and they earn the money they earn, is anchored by their exploitation of public land - principally lands managed by the United States Forest Service. Among them, these three companies, which have interest in 24 percent of U.S. skiing and snowboarding tickets, lease forty thousands acres of Forest Service land for their operations. This land lends enormous value to the nearby private property where these firms earn significant profits. Without the use of public land, these corporations would either not exist at all or would function on a much smaller scale.” Downhill Slide, p.5

Le “Big Three” a une influence considérable sur le marché nord-américain du ski. Le “Big Three” impose, inspire ou induit en erreur les autres stations de ski voulant se tailler une place sur le marché.

4) Le “Big Three"

- Leur modèle et leur influence sur les autres centres de ski

Le “New ski Village” et le centre de ski
Le modèle implanté par le “Big Three” s’éloigne de ce qui à l’origine était le monde du ski. Tel que mentionné précédemment, ce même modèle force les autres joueurs à investir alors qu’ils n’en ont pas les moyens :
“Ski resorts that follow the Big Three’s get-big-or-get-out model are effectively building their church for Easter Sunday. That church will be too big and too expensive to run once the Baby Boomers have wandered away to warmer climes. The National Ski Areas Association’s somewhat panicked call to attract more first-time skiers and turn them into aficionados underscores the bleak demographic reality facing the ski industry : the Eco Boomers who were expected to fill their parent’s places at these resorts seem increasingly unlikely to show up - and if they do, they may not be skiing.” Downhill slide, p. 222 - 223

Il s’agit d’un modèle qui, s’il est suivi, anéantit la possibilité d’avoir des opérations à faible coût.

Le principe de la clientèle captive
“... The real estate component of the “New Ski Villages” being built by the Big Three does not stand alone. Resorts executives tout the synergy of creating lively base areas full of people who will not only buy real estate, but also go on to spend money in other ways : skiing, shopping, dining, getting massages, renting videos, taking balloon rides, playing golf. The whole idea behind the New Ski Villages ... is not to make a single killing on real estate, but to keep making a killing.” Downhill Slide, p. 50-51

La comparaison entre les“New Ski Villages” et le tourisme de croisières en bateau n’est pas surprenante. Quoi de plus captif qu’un bateau de croisière ? Non seulement on y dépense notre argent pour y obtenir une chambre, mais on y transfère aussi nos économies pour y manger, y magasiner et y assurer nos loisirs, transferts s’en allant tous vers le même et unique propriétaire de ce concept captif.

“It is a corporately envisioned, architecturally executed form of social engineering that gives visitors no obvious reason to venture out to where the real people live ... Indeed, such wandering by tourists would be alarming to village developers if it occurred on any significant scale, since it raises the possibility that visitors would spend their money outside the defined tourist zone, thus depriving the developer of its cut. That would defeat the whole purpose of the New Ski village.” Downhill Slide p. 127

Malgré tout, à l’approche d’un projet du modèle “Big Three”, les commerçants locaux semblent ne pas vouloir se prononcer. La peur de se prononcer sur un projet qui pourrait tout autant assurer leur succès qu’entraîner leurs déboires ? Qu’arriverait-il si on s’était prononcé contre le projet et que ce dernier finisse par être bénéfique ? Notre prise de position pourrait-elle se retourner contre nous ?

“They behave as residents of colonized western towns have for a century, obeisant to the outside power and money that can make or break them.” Downhill Slide, p. 84-85

“... You have to wonder seriously about your ability to compete with the new, shiny developments that will be full of new, shiny shops at the ski area.” Downhill Slide, p. 84

L’utilisation de terres publiques

L’utilisation de terres publiques à un coût ridiculement bas semble être un idéal à atteindre dans le modèle déployé par le “Big Three.
"Although ski resorts resemble theme parks and cruise lines more then ever before, they are different in one key component : they develop public land in their search for profit... At the Colorado ski museum ... statistics here inform visitors that in 2000 there were 27 ski areas in Colorado, and 146 in the United States as a whole, situated on federal land." Downhill Slide, p.55
"The U.S. Forest Service is landlord to ski areas on sixty-two national forests in eighteen states." Downhill Slide, p.135

“Resort development creates what economists call “positive externalities” - that is, ski lifts and ski trails on public land make the private property near them very, very valuable. This is a critical concept ; it’s the bedrock on which the major ski resorts’ business plans are constructed. It’s why Vail Resorts could sell Bachelor Gulch home sites for $750,000 apiece. If those where not slope-side properties, they would be worth significantly less. This reality ... is embedded in the business strategy not only of the Big Three ... but also of every ski resort now trying to build a base village.” Downhill Slide, p.56
“Since 1988, the Forest Service has traded an annual average of 70,755 acres of federal property in exchange for 124,470 of non federal lands, with each side officially valued at around $90 million (...all trades for all purposes...) Yet a U.S. General Accounting Office review of land trades made by the Bureau of Land Management and the Forest Service concluded that the trades don’t serve the public interest ... “The agencies have given more than fair market value for non federal lands they acquired and accepted less than fair market value for land they conveyed,” the GAO stated in 2000.” Downhill Slide, p.155

“It’s public land for everybody. Why are we using it to make wealthy people wealthier ?” Downhill Slide, p.78

Il est intéressant de réfléchir à tout ceci en se référant à la mission d’un parc national au Québec. Il est intéressant de réfléchir à ces faits s’étant déroulés récemment aux États-Unis et faire un parallèle avec ce qui se vit actuellement à Orford.

Varia - exemples intéressants

Extraits du livre Downhill Slide :

On a utilisé une étude socio-économique défendant les bénéfices d’un projet pour ensuite se rendre compte que l’auteur de cette étude, M. Ford Frick, était un consultant qui travaillait souvent pour l’industrie du ski. p.156
“In August 2001 a federal judge halted the grand Tarhee trade, ruling that the Forest Service had failed to disclose the trade’s full environmental effects, thus violating the National Environmental Act” p.156

“In Utah, billionaire Earl Holding wanted to trade the Forest Service some of his land for property at the base of his Snowbasin ski resort ... he eventually went to Utah’s congressional delegation to make an end run around Forest Service regulations. They jumped at his bidding, which was to be expected : between1993 and 1998, Holding and his wife, Carol, gave almost $100,000 to Utah’s Republican representatives in Congress and to Governor Mike Leavitt.” p.154

5) La relance...

“The capital-intensive, high-cost, New Ski Village model of ski resort development and operation, made so popular in the 1990 and pursued so slavishly by North America’s largest resorts, is not inevitable. It is not even wise.” Downhill Slide, p.218

On ne veut pas que ce soit un Tremblant ?

“Everywhere I go I hear people say what they don’t want to be ... The used to say, ‘We don’t want to be Aspen.’ Now they say they don’t want to be Park City. Everywhere I go they don’t want to be something, but they don’t know what they do want to be. We’re becoming what we don’t want to be a lot faster than we’re becoming what we do want to be, because we do not know what we do want to be ... A lesson from skiing : when you ski the trees, focus on the spaces, not the trees. Stare at the trees and you’ll hit one.” Downhill Slide, p.236

La nature, le charme et la simplicité

Orford n’a pas besoin de toute la panoplie “d’équipements vedettes” pour se différencier des autres. Au contraire, c’est en s’éloignant de ces éléments qui rendent les coûts d’opération exorbitants qu’un centre de ski situé dans un parc national peut faire sa marque.

Un centre de ski nature qui garanti à ses visiteurs qu’une fois qu’ils auront franchi les limites du parc national dans lequel il est situé, l’expérience qui leur sera offerte sera unique, authentique, vivifiante. Pour le citadin, franchir les limites du parc sera gage d’une journée loin des aléas de la ville, loin de toute urbanisation, loin de ce qu’il voudra fuir pour l’instant de quelques heures, quelques jours. Pour le résident de la région, une visite à l’intérieur des limites du parc national du mont Orford le réconfortera dans sa décision de vivre tout près de cette nature. Un centre de ski alpin où plein air, calme et santé rimera avec nature et non démesure. Un centre de ski alpin où il sera aussi possible d’alterner avec d’autres activités telles la randonnée en raquette et la randonnée en ski de fond. Un centre de ski où la limite est clairement définie entre la vie de tous les jours et ce moment de loisir et d’escapade lucidement choisi.

Un village alpin, des condos et du magasinage n’ont pas leur place dans un parc national. Un village alpin, il y en un a moins de 500 m du parc national d’un côté (Cherry river) et un autre à moins de 10 km de l’autre côté (Magog). Dans ces 2 agglomérations, on peut déjà y magasiner, y dormir et y exploiter de l’immobilier. Dans ces 2 centres, on peut certainement tirer profit de la présence à proximité d’un parc national pour lequel on respecte les limites, dans le quel on peut y faire du ski en pleine nature. On peut, en fait il faut attirer les touristes et villégiateurs à Cherry River et Magog en leur disant : venez nous voir, nous avons tout à vous offrir, y compris un centre de ski unique situé dans un parc national dépourvu de condos et autres urbanisations. Un centre de ski qui, au lieu d’être captif, est partenaire avec les commerçants de la région et offre ainsi le meilleur des 2 mondes.

Un centre de ski unique que l’on jalousera pour sa gestion durable. Une gestion pleine nature à l’intérieur des limites du parc qui se démarquera par des projets d’efficacité énergétique pour la rénovation des infrastructures déjà présentes. Une gestion enviable pour son modèle de développement durable et ses projets “verts” (LEED par exemple) pour toutes interventions non pas à l’intérieur du parc là où la loi le proscrit mais plutôt sur des territoires extérieurs et limitrophes au parc, dans un souci de cohérence, en raison des pressions anthropiques inhérentes.

Combien y a-t-il de centres de ski alpin au Québec ? Combien y a-t-il de centres de ski alpin à l’intérieur d’un parc national au Québec ? Combien de centres de ski pour lesquels l’aspect nature du territoire est protégé par une loi. Pourquoi ne pas utiliser l’attention médiatique des derniers mois pour lancer une campagne publicitaire qui inviterait les gens à venir à Orford, là où une expérience unique en nature est assurée par le respect de la Loi sur les parcs.

Pourquoi vouloir suivre le modèle suivi par plusieurs autres au Québec et ainsi se battre pour une part d’un marché stagnant. Pourquoi ne pas plutôt vouloir se distinguer et ainsi faire sa part dans l’épanouissement du ski et l’essor de la région Magog-Orford.


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